mercredi 22 septembre 2010

Un pays à l'aube - Dennis Lehane - Rivages/Thriller

Un pays à l'aube
L’histoire commence par un match de base-ball imprévu et spontané entre une équipe de blancs (dont le départ de train a été retardé) et une équipe de noirs. Parmi elles, se démarquent deux personnalités : Ruther Laurence, joueur noir talentueux et Babe Ruth dont l’ascension sportive vers la célébrité ponctuera le récit.

Peu de temps après, Ruther Laurence emménage à Greenwood avec sa jeune épouse enceinte Lila. Jeune adulte et encore immature, il hésite entre fonder, au cours de longues années, sa propre entreprise et gagner de l’argent facile mais sale. Un soir, il se trouve mêlé à un règlement de compte et tue le parrain local : le Bedeau. Assigné à la fuite, il quitte Greenwood, Lila, et sa cavale l’emmène tout droit à Boston où il entre comme domestique au service de la famille Coughlin.


Aiden Coughlin, dit Dany, est le fils de Thomas Coughlin, capitaine de la police de Boston. Dany est agent de police et dénote de la famille conservatrice des Coughlin de par son caractère indépendant.
Le roman débute alors que les soldats américains rentrent d’Europe à la fin de la première guerre mondiale. Sur le marché du travail, les postes sont occupés par les noirs et les femmes. Sur ordre de son père, Dany infiltre les milieux syndicaux afin de pointer les têtes de groupes jugés extrémistes : Bolcheviks, Communistes, Galléanistes, Syndicalistes et autres fauteurs de troubles… Au lieu de trouver des terroristes poseurs de bombes, il rencontre des hommes qui revendiquent juste des conditions de vie décentes. Au fur et à mesure de sa compréhension du système, il s’implique davantage jusqu’ à occuper une place importante de syndicaliste.


Un pays à l’aube est l’histoire d’une année d’importants mouvements sociaux (on croise les Suffragettes) : la guerre d’un peuple ouvrier pour l’obtention de ses droits face à la puritaine société américaine engoncée dans ses valeurs.
L’apogée de cette montée en violence explosera lors des trois jours de grève de la police de Boston.


Très bien documenté, un rythme rapide. Les destins des trois personnages principaux s’entrecroisent tout au long du texte. Une trentaine de personnages secondaires.
J’aime apprendre l’ Histoire de la sorte. Les rouages du récit et de la mécanique pouvoir/contre-pouvoir sont bien huilés. J’ai pris autant de plaisir à cette lecture que pour une partie d’ Echecs. (La lecture est plus rapide, je rassure ceux qui n’aiment pas les Echecs).


Extraits :


P 180 : Lorsqu’il n’étudiait pas les discours politiques, il se plongeait dans les missives émanant de ce qu’on appelait communément le « mouvement de la révolution des travailleurs ». Il lut des récits parlant de mineurs grévistes brûlés vifs chez eux avec toute leur famille, de travailleurs de l’ IWW couverts de goudron et de plumes, de délégués assassinés dans les rues sombres de petites villes, de syndicats brisés ou déclarés hors-la-loi, de cols bleus emprisonnés, battus et expulsés du territoire américain. Invariablement, c’étaient ces gens-là qui étaient dépeints comme les ennemis du formidable « mode de vie américain ».


P 185 : La musique est le langage de l’âme qui ne peut se contenter de mots.


P 562 : -Tu sais, on peut avoir deux familles dans la vie, avait déclaré Danny. Celle qui t’a donné le jour et celle que tu te crées.
- Deux familles, hein ? avait répété Joe en le dévisageant.
-C’est ça. Tu es lié par le sang à la première et tu ne peux jamais l’oublier. C’est une partie de toi. L’autre, tu la trouves toi-même. Par hasard, des fois. Et cette famille-là compte autant que la première. Peut-être plus car elle n’est pas obligée de t’élever ni de t’aimer. Elle et toi, vous vous choisissez.
-Alors Luther et toi, vous vous êtes choisis ?
Danny avait incliné la tête.



P 652 : -Vous connaissez la différence principale entre les hommes et les dieux ?
-Non, monsieur.
-Les dieux ne se prennent jamais pour des hommes.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire